About me

Je m’appelle Nathalie Zajde.  Zajde (qu’on prononce zaïdé en yiddish) veut dire « grand-père ». En Pologne, on donnait ce prénom à des garçons juifs qui naissaient à la suite de plusieurs enfants morts, comme pour dire aux anges de la mort attirés par les nourrissons « cet enfant est un vieux, il n’est pas intéressant, laissez-le, passez votre chemin… ». Je suis née en France au début des années 1960 de parents qui avaient, enfants, miraculeusement survécu à la Shoah. Mon père  a échappé à la rafle du Vel d’ hiv grâce à la présence de sa petite soeur, Annette, nourrisson à l’époque. Après quoi, il fut de suite caché en Normandie, chez des paysans bienveillants, les Richard. Ma mère eut moins de chance, et fut placée dans un orphelinat catholique en région parisienne dirigé par des soeurs hostiles. Elle fut humiliée, maltraitée et elle eut faim. Le seul bon souvenir, aime-t-elle à raconter sur un ton espiègle, c’est son baptême à la chapelle de l’hôpital Necker, à cause des dragées auxquelles elle eut droit.  Je crois que cette enfance, faite de bouleversements radicaux, de ruptures et d’incompréhensions, a, quant au fond, profondément marqué mes parents et fait d’eux ce qu’ils sont, des êtres trop sensibles, malgré ce que la vie leur a, par la suite, réservé de meilleur.  Leur famille venait de Pologne. Leurs parents avaient émigré à Paris au tout début des années 1930. La guerre, les lois antisémites, la chasse aux juifs, les ont pris au dépourvu. Le père de mon père, Moishé Zajde fut déporté de Drancy le 22 juin 1942 par le convoi n° 3 et assassiné à Auschwitz – un survivant revenu de déportation a raconté que mon grand-père n’avait pas tenu et s’était suicidé en se jetant sur les fils barbelés du camp.

La mère de ma mère, Sura Rozenberg née Szryft fut déportée à Auschwitz le 27 juillet 1942 par le convoi n° 11 et n’est jamais revenue. Comme 20 000 autres enfants juifs de France, mes parents sont restés des orphelins de la Shoah. Après la guerre, ils ont grandi et fait leur vie dans une France libre, en paix et surtout en plein essor.  J’ai grandi dans une famille adaptée à son époque, tournée vers l’avenir, impliquée dans l’évolution de la société à laquelle elle appartenait, souhaitant le meilleur pour l’humanité entière, même si cette expression relève plus de l’idéologie que d’une réalité à bâtir.  J’ai suivi des études de psychologie clinique. Mon diplôme de psychologue clinicienne en poche, je suis partie quelques mois à UCLA aux USA, histoire de me changer les idées. C’est là, pour la première fois, lors de mon stage dans le service de thérapie familiale du Cedar Sinaï Hospital de Los Angeles que j’ai entendu parler du « syndrome des survivants des camps de concentration nazis » et de sa « transmission à la génération suivante ».  En France, nous avions la troisième plus grande communauté de survivants au monde, nous avions une importante représentation de cette population au sein des différents instituts et corporations de psys en tout genre, mais personne ne parlait jamais de cela. Je suis rentrée à Paris et ai débuté mes travaux de recherche dans l’équipe d’ethnopsychiatrie de Tobie Nathan.  Nous avons créé au sein de l’équipe d’ethnopsychiatrie les premiers groupes de parole de survivants et de descendants de survivants de la Shoah en France. J’ai soutenu mon doctorat de psychologie en Janvier 1993 à l’université de Paris 8 Vincennes Saint-Denis sur « La transmission du traumatisme chez les descendants de l’holocauste nazi ». Le jury était composé des Pr. Tobie Nathan,  Pr. Léon Poliakov, Pr. Boris Cyrulnik et Pr. Serban Ionescu.  La salle de soutenance était pleine à craquer, pleine de survivants, d’enfants cachés, d’enfants de survivants, de parents, de collègues, d’amis et d’étudiants. C’était la première thèse en France sur cette question; c’était également la première soutenance de thèse en psychologie clinique à laquelle assistaient les sujets de la thèse.

Si je peux affirmer sans aucun doute que le vécu de mes parents et les drames que connurent leurs parents et leur famille ont été déterminants dans leur existence, je suis persuadée que cela constitue également pour moi, pourtant née longtemps après le terrifiant tumulte, une préoccupation permanente, un moteur essentiel de ce que je suis et de ce que je fais. Sans doute est-ce pourquoi je milite, avec les moyens qui sont les miens – les moyens d’une psychologue – pour que les traumatismes deviennent des forces, pour que les victimes ne restent pas définies par leurs bourreaux, pour que ce qui a été raflée – l’âme des enfants juifs – leur soit rendu chaque jour quand se fait la lumière.

NZ

37 réflexions à propos de “ About me ”

  1. Chere Nathalie.

    J’ai lu avec beaucoup d’interet l’histoire de ta famille ainsi que la tienne.
    J’en suis très ému car nous avons tous, enfants cachés, une part qui nous ressemble et nous rassemble.
    En ce qui me concerne J’ai moins souffert part la guerre (J’avais entre deux ans et cinq ans) que part l’après-guerre.
    J’ai vécu un drame familial qui m’a marqué a vie, il m’a fallut des dizaines d’années
    pour retrouver un meilleur équilibre.
    Hélas a l’époque il n’y avait pas de psychologues, et consulter un psychiatre était tabou, c’etait avouer que l’on est dingue. Les moeurs on heureusement bien changés
    et actuelement ce n’est plus une tarre.
    Meilleures salutations.
    Georges.

    • Cher Georges,
      Merci pour ton message, et ton témoignage. Effectivement, quand les enfants cachés étaient encore enfants, la psychologie pour enfant était très peu développée, la psychiatrie était un monde à part et honteux, et on ne s’intéressait pas encore aux enfants qui avaient survécu. Par la suite, à partir des années 1970, en Europe, consulter et se faire aider est devenu plus courant – un peu tard, il est vrai… À bientot, NZ

  2. Evelyne Haendel a dit:

    Je réponds à votre invitation d’écrire sur le blog Enfants Cachés en France. Je m’en étais abstenue car si j’ai été – et sans doute le suis-je encore toujours par moment – une enfant cachée, j’ai vécu cette période et la suite en Belgique. Je suis née à Vienne et mes parents se sont réfugiés en Belgique. J’avais 4 mois.
    Assisté à l’une de vos conférences à Bruxelles (il y a 3 ans sans doute) m’a fait découvrir deux de vos livres: « Guérir de la Shoah » et ‘Enfants de Survivants ».

    Vous nous connaissez fort bien … et la résonnance – en tout cas la mienne – est grande et multiple. Merci de nous rejoindre, merci de m’avoir rejointe. En grande sympathie avec vous. Evelyne Haendel

  3. Regina Sylvia Cykiert a dit:

    Merci de votre invitation à déposer un témoignage.
    Ma maman et mon oncle étaient des enfants légalement adoptés et cachés en 1942, par un tour de passe passe étonnant de ma grand-mère Sura. Pendant 2 ans, ils n’ont pas vu leur mère, sauf par la fenêtre, une fois, et ma grand-mère était devenue blonde. Ils avaient 9 et 7 ans . Fin juin 1944, leurs parents adoptifs sont dénoncés par des voisins . Une voiture de la gestapo vient avec un chauffeur et un traducteur chercher ma mère et mon oncle pour les emmener à la citadelle de Liège, seuls enfants dans cette prison. Transférés au camp de rassemblement de Malines, il y survivent pendant 3 semaines, en faisant des tours de cours avec les autres prisonniers, que des adultes. Subitement, ils sont transférés au home pour enfants « Là-Bas », puis chez des habitants. Ma grand’mère avait envoyé des résistants sauver « les enfants » et payer une rançon pour leur liberté. Il retournent chez leur parents adoptifs . Ils portent légalement leur nom jusqu’en 1946 .
    Mon père, lui, est un survivant du camp de Dannes- sur- Camiers, et il est descendu du train qui l’emmenait à Auschwicz . Son père a sauté plus loin . Les SS avaient pendant ce temps là, déporté les frère et mère de mon papa.
    Je suis née en 1951 .
    Je suis désespérément  » l’enfant cachée » de mes parents.
    Mon père est décédé, comme il le désirait, 50 ans après les camps, soit à 66 ans, quasi, il y a 20 ans.
    Ma mère n’a jamais réussi a créé des liens avec moi. Il, y a 20 ans que je ne la vois plus.
    Il y a également 20 ans que j’ai collecté et sorti des documents d’archives cachées , j’aimerais écrire un livre  » Caché par écrit »
    Merci pour la parution de votre nouveau livre, et les autres, c’est un soutien, je vais le poster à ma mère …, si elle pouvait sortir de sa cachette, même en secret .

    • Merci Regina pour votre témoignage poignant de ces parcours faits de drames terribles mais aussi de miracles, d’interrogations restées sans réponses et d’héritages douloureux. Je suis d’accord avec vous, il nous faut agir, réagir, réparer, trouver les moyens de transformer les souffrances subies. Les écrire, les réécrire, “fabriquer” des textes en est un. Votre projet “Caché par écrit” doit voir le jour! Amicalement, NZ

  4. Cathy STARK a dit:

    Ce soir, j’ai hâte de retrouver ma lecture, je viens de débuter le livre qu’une amie m’a apporté de Métropole !
    Chaque page me rapproche de Papa et me fait venir les larmes…
    Je commence, enfin non je continue, à comprendre qui il a été… Toute sa vie « enfant caché » ayant voulu tout effacer ne laisser aucune trace…
    En vidant l’appartement après son décès, j’ai trouvé 2 armes !
    A-t-il vécu dans la peur toute sa vie ?
    Il m’en a tellement voulu d’avoir éventer son secret, de l’avoir divulguer à mon frère et mes soeurs…
    Merci Nathalie pour ce livre que tu nous offres, merci de nous permettre de nous exprimer, de nous permettre de comprendre nos angoisses et terreurs jusque-là inexpliquées, inexplicables… de savoir que nous sommes amputés à jamais d’une partie de nous- et en ce qui me concerne totalement acculturé.
    Merci d’avoir trouvé des frères et soeurs ayant la même histoire…

  5. Cathy, I grew up with the worths, You don´t know wath a progrom is, my father new wath was comming when the Germans entered Belgium in 1940. He thought me to take showers with cold water in camp there was no hot water, not o complain about food, or hunger. If necesarry to sleep on the flour and not to complain.
    Every day i try to smile and not to feel sad, when it is cold i pel in the lager didn´t have central heating. I am born in 1948, and feel in Europe like the war still exist every day, and every day i have to say sorry we still exist. I believe that our freedom today only exist because in the worst case we have an alternative, and go home: ISRAEL

    • Cathy STARK a dit:

      Bonjour Dan; Je n’ai pas un bon Anglais écrit et je vais utiliser un traducteur.Moi aussi, je suis très souvent triste et je pense que nulle part, je ne suis chez moi. Je pense que les nazis ont détruit des vies et donné naissances à des hommes et femmes sans passé car les parents qui ont souffert ont tout renié du leur.Je rêve d’aller en Israël mais quand il n’y aura plus la guerre ! Encore merci à Nathalie grâce à qui je vais beaucoup mieux…

      Hello Dan; I have no good written Englishman and I am going to use a translator. I too, am very often sad and I think that nowhere am at home. I think that the Nazis destroyed lives and gave births to men and women without past because the relatives(parents) who suffered denied everything owed them. I dream to go in Israel but when there will be no more a war! Still thanks to Nathalie thanks to whom I get much better…

  6. Regina Sylvia Cykiert a dit:

    qui nous montre un chemin. Cordialement, Regina-Sylvia Cykiert

  7. ANNE GOROUBEN a dit:

    Merci Nathalie pour ce livre qui rappelle en moi d’autres choses encore que celles que j’ai dessiné et écrites dans « 100, boulevard du Montparnasse » (Buchet-Chastel, Les Cahiers Dessinés sept 2011).

    La réaction de mes parents à cette parution a été, est violente,ils ont d’une certaine façon rompu une relation avec moi difficile, sans que cela soit total heureusement, et sans que je m’y attende vraiment.
    Je pensais avoir avec ce livre pacifié notre lien, il n’en est rien. Ils n’ont pas supporté que leur histoire ait marqué la mienne et que je dessine et écrive ces fragments de récits qui ont marqué ma vie.
    Votre livre recoupe et instruit ma compréhension de cette situation, et, comme « Enfants de survivants », m’oriente et m’aide, je vous en remercie infiniment.

    • Chère Anne Gorouben,
      C’est l’une des malédictions de ce drame innommable: quand les rares survivants d’une même famille sont laissés seuls, sans ressources pour se réconcilier avec les leurs, avec leur histoire, avec eux-mêmes. Et cela devient alors une lutte de chaque instant.
      Merci pour votre témoignage et votre créativité
      NZ

    • benezra genevieve a dit:

      anne, j’ai rencontre vos parents a maintenon ou ils vivent encore, je suppose. je leur ai parle de mon experience et oeuvre artistique nee de mon vecu d’enfant survivant de Pologne. ils etaient tres touches et emus. ils m’ont parle avec beaucoup de fierte et d’amour pour vous. j’ai vu les photos de vos peintures aussi. extraordinaires. parfois on blesse nos proches sans le vouloir. je ne me souviens pas de les avoir entendu parler de leur propre passe durant shoah. excusez le manque d’accents…c’est la faute a mon ipad. amicalement guta tyrangiel benezra

  8. Bonjour Cathy,
    Mon père a été déporté à l’âge de 18 ans à Buchenwald. Ma mère à moitié juive a dû se cacher. Nous, leurs enfants, avons grandi entre un père qui était souvent en dépression et une mère devenue ‘mutique’. Nous sommes tous quelque part traumatisés par des faits de guerre que nous n’avons pas connus. Il y a beaucoup d’écrits sur les enfants de déportés de la Shoah mais peu sur les enfants des déportés résistants non juifs. Pourtant le traumatisme est le même, il est encore difficile d’en parler, peu de gens nous comprennent. Nous avons un peu l’impression de ne pas être dans notre époque, de ‘savoir de manière innée que l’être humain peut-être infâme’. Cela a des répercussions dans notre vie de tous les jours encore maintenant en 2012. Avez-vous interrogé des enfants qui ont vécu la même chose que nous? en bref, sommes nous normaux??!
    Merci à vous Cathy,

  9. j’ai mal ce soir, ce que je lis ressemble également à ce que j’ai vécu, sauf que maman était cachée par l’OSE mais papa a vu sa mère et se soeur emmenées par la milice française de Bondy à Drancy. L’acte de décès à Auschwitz du convoi 46 ne m’a été fourni officiellement que grâce à l’aide de Serge klarsfeld car ce convoi n’avait pas été répertorié. Je n’ai commencé mes recherches perso qu’au décès de maman en 2006, de peur de la faire replonger.

  10. Merci Nathalie ; tu nous permets de parler de cette souffrance que l’on porte en nous et qui ne s’éteindra jamais , en effet mon frère et moi avons été cachés chez des paysans et si le monsieur qu’on appelait Antoine étais un brave homme qui a du aller au travail obligatoire en Allemagne ; sa femme était une vrai furie qui devait penser que c’était de notre faute , et elle ne nous a pas épargnés, nous faisant faire toutes les corvées ; aller chercher les pots au lait à 1 km en plein hiver en culottes courtes, quel souvenir… j’avais 4 ans en 1944 et mon frère qui me protégeait en avait 6 !!! Quel soulagement quand sont mari es revenu , c’était la fin de la guerre et Antoine nous a ramenés chez nos parents !!!! Je t’embrasse fort !!

  11. romanez esméralda a dit:

    et l’âme des enfants tsiganes, leur sera t-elle rendue un jour ????

  12. esther naschelski a dit:

    Merci Nathalie. Tu me permets de parler !!! C’est qu’après 65 ans, mon silence est rompu. J’avais trois ans quand mes parents furent déportés à Auschwitz!!! Le 4 Aout 1942
    Je fus cachée à Malines avec mon frère et ma soeur. Après la guerre, une institutrice fanatique est venue nous chercher et a changé notre nom, nous a baptisés, la comunauté juive et la famille nous ont cherchés mais ne nous ont pas trouvés!!! Les enfants baptisés ne pouvaient retourner dans leur famille juive. Elle avait un réseau de prêtres et de religieuses!!!! Cette femme avais pris 18 enfants juifs, les plaçant, les déplaçant pour les couper de leurs racines. Moi j’ai fait plus de 13 institutions! Cette femme avait des propos antisémites; elle nous a donné la peur des juifs. Ma souffrance c’est que cette femme m’a menti en me disant que maman était devenue folle; à ce moment là j’avais 14 ans, elle ne m’a jamais parlé de mes parents!!!!!
    En l’anneé 2005 j’ai rompu mon silence J’ai commencé à écrire. J’ai voulu publier mon histoire afin que les gens sachent, afin de sensibiliser les autres, « Derrière le silence l’histoire d’un enfant juif caché » est le titre de mon livre! A présent je porte la souffrance de mes chers parents qui n’ont pas survécu. Ma souffrance c’est que je fus coupée de mes racines. Une souffrance qui ne s’eteindra jamais.

    • Simcha Chairsky a dit:

      Chère Esther,
      Tres touchée par votre témoignage. Mais voyez-vous cette femme infâme na rien pu faire.. Malgré tous ses efforts, vous êtes restée juive et votre âme n’a point failli.
      Kol Hakavod comme l’on dit ici! A 65 ans l’avenir est encore devant vous et la joie seule peut effacer la souffrance. Vous souhaite une très bonne et douce année pour 5773 et beaucoup de joie et de chaleur autour de vous!
      Amicalement, Simha

  13. Merci Esther pour votre témoignage, qui nous rappelle les terribles épreuves des enfants cachés orphelins, dont les souffrances n’ont pas cessé une fois la guerre terminée.

    • Nathan Kranowski a dit:

      Chere Nathalie,
      Je suis né a Paris en 1937. Mes parents étaient des juifs polonais venus en France entre les deux guerres. Mon père a été pris dans une rafle de rue en 41 et envoyé a Drancy. Onze mois plus tard, il a été déporté à Auschwitz dans le convoi n°7. Puis la police est venue dans notre appartement arrêter ma mère en juillet 42. Elle aussi fut envoyée a Drancy, puis déportée vers Auschwitz, convoi 12. Tous deux furent assassinés peu apres leur arrivée.

      Quant a moi, des sociétés juives m’ont placé chez un couple de fermiers à Bais, en Ille et Vilaine. Après la guerre, en 48, la soeur de mon père qui vivait a New York City a accepté de me prendre. On ne s’était jamais vu et on ne parlait pas de langue en commun. Mais je me suis vite acclimaté et j’ai passé le reste de ma vie aux USA. J’ai fait un doctorat en littérature francaise, j’ai enseigné le francais, puis quand le francais a chuté, je me suis refait une deuxieme carrière en comptabilité. J’ai epousé une americaine. Nous avons deux enfants.

      Pendant des années j’ignorais le sort de mes parents. J’ignorais également ou et chez qui j’avais été caché. Personne ne pouvait me renseigner. Puis, par une coïncidence remarquable, l’année dernière j’ai pu savoir: Le « Holocaust Memorial Museum of Washington D.C. » a publié ma photo (faite en 45 ou 46) et mon nom sur leur site internet. Le Prof. Michel Godet justement me recherchait car il faisait des recherches sur les trente et quelques enfants juifs cachés dans sa région pendant la guerre. Il s’est mis en contact avec moi, m’a invité à venir le voir en France. Ma femme et moi avons passé quelques jours chez lui et sa femme ce juin-ci. J’ai revu la ferme ou j’avais ete caché! La commune de Bais m’a invité à venir à la mairie raconter mon histoire, ce que j’ai fait. Nicolas Ribowski, cineaste, tournait un film sur les enfants cachés pendant notre sejour. On m’a filmé. Tout cela m’a beaucoup ému.

      Et puis je tiens a remercier Serge Klarsfeld: C’est dans son Mémorial aux Juifs Déportés de France » que j’ai d’abord vu le nom de mes parents, dans la liste des convois 7 et 12. C’était pour moi très emouvant, comme une première visite au cimetière.
      Nathan Kranowski, Virginia USA

      • à l’attention de Nathan Kranowskia

        Comme vous avez été cacher sur la commune de Bais
        Ma mère ma toujours dit que ces parents on cacher une fille  » colette lacomblez » environ 8 ans a cette époque
        Au lieu dit la houssais cela vous dit.
        Je doit avoir une photo

  14. je viens de vous entendre sur France Inter avec Boris Cyrulnik, merci pour ce que vous faites, c’est l’histoire de ma mere, c’est aussi quelque part la mienne et ce n’est ps facile a gerer.

  15. elise marienstras a dit:

    Je suis née en 1932 en France, et j’ai vécu cachée chez des miséricordieux deux années de suite pendant la guerre. Assez mûre pour comprendre, j’ai su qu’il fallait taire mon nom et afficher toute une nouvelle identité, puis, fin 1944, j’ai retrouvé mes parents. Est-ce parce que, cachés de leur côté, ils ont survécu tous deux, que je n’ai pu, bien plus tard (pas voulu, pas été invitée non plus), m’inscrire dans la vie comme « enfant cachée »?
    Pourquoi les « enfants cachés » et ceux qui les représentent impliquent-ils tacitement qu’il « faut » être orphelin totalement ou à demi pour faire partie du groupe, pour bénéficier de la complicité et de la solidarité? Très âgée maintenant, et repue de livres, de témoignages, de pensées et de mémoires, je reste solitaire avec mes souvenirs.

    • Nombre d’enfants cachés ont heureusement retrouvé leurs parents après la guerre. Certains avaient même passé la guerre cachés avec les deux ou l’un de leurs parents. Il n’empêche qu’ils ont eux aussi vécu cette expérience de traque et d’interdiction d’exister en tant qu’enfant juif durant cette terrible période. C’est à ce titre qu’on doit, je crois, les considérer également comme des enfants cachés.
      Le sentiment de solitude, le fait de ne pouvoir partager avec autrui cet aspect essentiel de sa vie d’enfant, restent malheureusement l’une des blessures les plus répandues chez les anciens enfants juifs cachés pendant la Shoah; pour échanger sur ces thèmes, pour rencontrer des gens avec qui parler de tout cela, il existe aujourd’hui des associations, par exemple l’amicale des anciens de l’OSE; vous pouvez également joindre la cellule psychologique du Centre Georges Devereux spécialement dédiée aux survivants, enfants cachés et leur famille : http://www.ethnopsychiatrie.net/CelluleSurvivants.htm

  16. Apres 60 ans, j’ai encore des souvenirs penibles. Caché pendant plus d’un an à Romans-sur-Isère, d’abord comme interne au College de Romans, surnom Charnier, ensuite pris en charge chez une résidente chrétienne, Madame Chifflet, pour le reste de la durée de la guerre. Les Eclaireurs Israelites (EIF), avec qui j’avais passé les mois précédents avec d’autres enfants juifs dans un hotel réservé pour eux à La Grave, Hautes-Alpes, avaient procuré mon faux nom et mes cartes d’alimentation. Au début de la guerre j’habitais avec ma famille à Paris. Un jour, quand la periode des rafles est survenue, la police s’est présentée chez nous mais ils n’ont trouve que ma belle-mère ( ma mere naturelle étant décédée depuis plusieurs années). La police nous a arrêtés, mais je fus immédiatement libéré quand un policier m’a proposé de trouver quelqu’un qui pourrait m’abriter. Ma belle-mère fut retenue au poste de police où je pus la voir le lendemain pour une dernière fois . Elle fut envoyée à Drancy, ensuite à Auschwitz. Le jour de la rafle, mon père et mon frère ainé Juda s’étaient cachés dans notre cave à charbon; ils y passerent plusieurs jours et nuits. Quand ils trouvèrent moyen de quitter Paris pour la Zone Libre ils furent arrêtés a la frontière et envoyés à Drancy, ensuite à Auschwitz, sans retour. Moi-même j’avais trouvé moyen de m’échapper de Paris et de passer en Zone Libre pour rejoindre mon oncle Abram, un frère de mon père, qui me prit en charge. C’est lui qui plus tard m’a placé chez les EIFs quand la situation politique en Zone Libre changea avec les Allemands envahissant le reste de la France. Après la guerre, je suis retourné à Paris vivre chez mon oncle Abram.

  17. Je recherche mon oncle qui fait partie de ces orphelins. Il n’a pas idée de l’existence de ma mère ni de notre famille, issue du 1er mariage de son père. Il s’est retrouvé orphelin à 5 ans et je n’ai trouvé qu’un billet d’avion datant de 1948 vers New York le concernant. Il est né en 08/1939 à Paris et est donc âgé de 75 ans aujourd’hui. Il s’appelait Jean Jacques ZIS

    • Bonjour Lucie,

      Est ce que vous avez cherché votre oncle, qui aurait peut être 84 ans maintenant, aux USA? Je suis américaine, vivant à Paris actuellement. On pourrait essayer de trouver votre oncle. Mon père a vécu à Paris, puis à Bruxelles, et il a pu se sauver pour les États Unis en mai 1940.

      • Lucie LAUFER a dit:

        J’ai retrouvé mon oncle à New-York après beaucoup de recherches. Il est mort quelques mois après cela et si j’ai pu parler au téléphone avec lui et lui écrire, il est malheureusement mort avant qu’on puisse le rencontrer en chair et en os…. En revanche, je suis en contact régulier avec son fils.

  18. Bonjour, Je suis à la recherche de Joseph MAYADORF ou MAYARDORF.
    Il avait dans les 14 ans durant les années 40.
    Mes grands-parents l’ont caché entre 3 et 6 mois chez eux, à Revel (31).
    Je viens de retrouver 2 photos de lui, avec son nom au dos.
    Si quelqu’un peut m’aider à le retrouver, ou retrouver ses descendants, j’en serai ravie..
    En vous remerciant, Vanessa FARGUES.

  19. hadassa grunhut a dit:

    merci pour l’article et merci pour essayer d’aider les enfants cacher et les familles.Mon papa est un enfant cacher a Anvers.il est maintenant au home a la Marialei, il souffre beaucoup et est tres heureux quand il recoit de la visite et surtout de quelqun qui le comprend ce que cela veut dire avoir ete enfants cacher
    merci

  20. Bonjour,
    Mes parents n’ont pas été cachés pendant la guerre ou plutôt ma mère temporairement quand ses parents ont fui en zone libre en 39
    Elle me racontait que la milice venait les chercher à la maison qu’ils habitaient à une dizaine de kilomètres de Limoges et leurs voisins les cachaient
    J’entreprends une psychanalyse depuis de longues années mais cette problématique n’apparaît pas mais je reconnais que vous faites un travail remarquable

  21. Pierre Wertheimer a dit:

    Bonjour, Merci d’abord Nathalie d’avoir des travaux si importants sur les survivants de la Shoah et les enfants des survivants. J’ai lu ce blog avec beaucoup d’émotion.

    Mon cas est un peu différent, mes parents n’étaient pas des enfants cachés mais des adultes cachés en France et qui ont survécus la Shoah avec l’aide de « Justes ». Je suis né en 1954 et vie depuis plus de 40 ans aux Etats Unis.

    La première leçon en lisant ce texte est qu’il y a du bon et du mauvais dans toutes les populations. De nombreux Français ont pris d’énormes risques pour aider les juifs. Notre devoir est donc de ces justes garder dans notre mémoire,  » L’immortalité n’existe que dans la mémoire des vivants ». Cette phrase n’est pas de moi mais d’un Belge que j’ai entendu dans une émission de radio américaine et qui prenait soinde la tombe d’un soldat américain qu’il ne connaissait mais qui est mort en en libérant son pays.

    En cette période d’antisémitisme accru, non seulement en Europe, mais aux aussi aux Etats Unis, il faut être de plus en plus vigilant! Merci!

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